L’Allemagne troque la voiture à combustion contre les voitures électriques pour 2030

C’est officiel. L’Allemagne interdira la vente de voitures à essence et au diesel à partir de 2030. La résolution vient d’être adoptée consensuellement par la Chambre haute du Parlement Allemand (Bundesrat). De quoi mettre un coup d’accélérateur sur la production de véhicules électriques : une bonne nouvelle pour l’environnement.

La résolution votée par les parlementaires d’outre-Rhin pour interdire les voitures polluantes

C’est un projet qui avait d’ores-et-déjà été émis ces derniers-mois par certains pays européens tels que la Norvège, l’Autriche, les Pays-Bas… Dont l’Allemagne, qui s’avère être la seule à ce jour à avoir tenu parole. Les véhicules dotés de moteurs à combustion seront ainsi à la fois bannis de la vente et de la circulation en 2030. Cette résolution a pour but d’être examinée à Bruxelles, pour que la Commission européenne développe une directive sous-jacente. Au programme : réviser et favoriser les pratiques actuelles de taxation et droits pour stimuler la croissance de la mobilité propre (voitures électriques et hybrides rechargeables notamment), afin de préparer le terrain à l’abandon des véhicules polluants, qui sont aujourd’hui largement majoritaires que ce soit en circulation ou à la production.

Les raisons de l’abandon des voitures thermiques ?

D’après l’agence européenne de l’environnement, l’Allemagne est le pays le plus pollueur d’Europe : en 2013 elle a notamment émis plus de 760 tonnes de CO2 – près de deux fois plus que la France, à titre comparatif. Malgré des efforts notables en termes d’énergies renouvelables, qui assurent aujourd’hui plus d’un tiers de la production énergétique du pays, l’atmosphère allemande demeure en partie assombrie par l’industrie persistante du charbon, mais aussi par les émissions polluantes issues du transport routier. Le pays totalise également à l’heure actuelle 5,3 millions de véhicules très polluants – c’est-à-dire, de véhicules qui dépassent de trois fois la norme fixée pour les émissions de NOx – selon une étude de l’ONG Transport & environnement.

La mesure d’interdiction des voitures à essences et au diesel en 2030 fixée par le Parlement allemand figure donc comme une des solutions pour dissoudre la pollution dans le pays et pour s’aligner sur les objectifs de la COP21 visant à limiter à 2°C le réchauffement climatique d’ici 2050 (mentionnés dans l’Accord de Paris qui a été ratifié par les députés allemands en septembre). Un enjeu vital pour la santé publique et l’environnement.

Oliver Krischer, législateur du parti écologiste allemand, a d’ailleurs déclaré que : “si l’Accord de Paris souhaitant freiner le réchauffement climatique veut être pris au sérieux, aucun nouveau véhicule à moteur à combustion ne devra être autorisé sur les routes après 2030”.

Les mesures déjà existantes pour stimuler l’achat de véhicules électriques

L’Allemagne, avec l’interdiction des véhicules à essence en 2030, poursuit son chemin vers l’impulsion de la production et de la consommation de moyens de mobilité propres, notamment de véhicules électriques et hybrides. Une lignée en particulier initiée en mai, par le biais de la mise en place de bonus à l’achat de voitures électriques et hybrides, respectivement élevés à 4 000 euros et 3 000 euros. En outre, si la France ne songe pas pour le moment à appliquer une interdiction drastique à l’image de celle de l’Allemagne, elle reste plus généreuses sur le montant des bonus accordés aux acquéreurs de véhicules électriques et hybrides (à lire – Bonus-malus à l’achat d’un véhicule électrique ou pas : des mesures fortifiées pour 2017). Il faut dire que le lobbying exercé sur les décideurs allemands par l’association de l’industrie automobile allemande et le syndicat ouvrier IG Metall n’a pas aidé à l’application de ces bonus, qui devaient être initialement plus élevés et accompagnés de quotas de production de véhicules électriques à respecter par les constructeurs…

Le système de bonus écologique à l’achat d’une voiture électrique ou hybride en place devrait malgré tout permettre l’immatriculation de 300 000 à 400 000 modèles électriques en Allemagne d’ici à 2019.

Les constructeurs automobiles sont voués à suivre le pas

L’Allemagne abrite les quatre plus gros constructeurs automobile mondiaux. Autant dire que le challenge de leur conversion vers une production accrue de modèles de voitures électriques et hybrides rechargeable est de taille, alors même que l’immense majorité de leurs ventes est constituée des véhicules thermiques. On observe tout de même une tendance d’adaptation des constructeurs aux futurs bouleversements de l’industrie automobile. Le Mondial de l’Auto parisien se présente d’ailleurs comme une réelle vitrine de ce bond vers l’électrique et l’hybride. Réalité ou marketing ? En tout cas, officiellement, l’offensive électrique se répand chez les constructeurs allemands. Que ce soit chez Mercedes (nouvelle génération de modèles électriques “EQ”), Volkswagen (concept Volkswagen ID), Opel (Opel Ampera-e), BMW (e-scooter C evolution) … Tous ont mis en avant leurs technologies vertes novatrices à l’occasion du salon parisien.

L’Opel Ampera-e

La part des voitures électriques sur le marché automobile allemand s’élevait à 0,7 % en 2015… Le chemin est encore sinueux avant de pouvoir réellement passer à la mobilité électrique en bannissant l’essence (d’autant que les ventes de modèles diesel ont encore bondi de 5 % au mois d’août en Allemagne), mais les volontés politiques et initiatives des constructeurs sont bien là.

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